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hkg bkk - Balade à travers la Chine, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thailande
26 mars 2010

Hanoi

Le trajet de Sapa à Hanoi s’effectue en deux étapes. Un retour en minibus vers Lao Cai, à la frontière chinoise, puis un train de nuit pour Hanoi. Pour la première étape j’aurai plus de chance que pour le voyage aller : presque pas trop d’attente, mais quand même un peu. Quelques nouvelles frayeurs sur la route en raison de l’epais brouillard qui m’a fait fuir Sapa, mais ça c’est la routine. De toute manière, s’il n’y en avait pas des frayeurs, on se plaindrait presque auprès du chauffeur, sous prétexte qu’il lambine.

Dans le train je me trompe d’abord de place car j’avais sans doute encore du brouillard dans les yeux. Le responsable de wagon me conduit donc au bon compartiment, alors que j’avais déjà bien mis la pagaille sur ce que je croyais être ma couchette. J’échange une famille sympa comme tout avec cinq mecs d’une petite mafia de seconde zone dont les yeux s’illuminent quand ils me voient arriver. Petite séance de fixage dans les yeux, puis claquage de porte du compartiment avec fermeture du loquet. Ça claque comme dans les films et j’espère que ça ne va pas se finir comme dans les films. Ils transportent tellement de cartons et de sachets qu’une couchette en est totalement remplie, obligeant deux d’entre eux à en partager une autre. A un moment, le plus provocateur, qui jouait à me scotcher un peu chelou depuis un moment, sort un grand couteau à lame incurvée. Heureusement, il sort rapidement une espèce de grosse poire aussi bizarre que lui, et je me dis que pour un moment au moins, je suis tranquille. Il la pèle avec grande dextérité, le geste sûr. Moi dans ma poche j’ai mon couteau suisse mais je n’ai pas d’économe à lui proposer. Tout de même un si grand couteau ! Enfin, je dors d’un oeil, car on dit souvent que je suis bonne poire.

J’arrive à Hanoi à cinq heures du matin, vivant, et avec tous mes doigts. On a une heure de retard sur l’horaire mais à la limite c’est pas plus mal, et là je ne me plaindrais quand même pas. Arriver de si bonne heure, c’est la routine, et je dois même dire que cela me plaît, mais tout de même, à quatre heure du matin, il n’y a pas grand chose à faire. Comme je ne suis pas encore habitué à comment on se fait avoir au Vietnam et que je ne veux pas que ça commence maintenant, je fais ce geste rapide du poignet que l’on doit faire ici pour être à peu près sur qu’on vous lâche la grappe quand vous ne voulez rien, à toute proposition motorisée. Et puis de toute façon, j’aime ces promenades matinales, carte en main, où l’on est seul à se diriger, et où l’on est tranquille à fouler les rues désertes. Découvrir une ville qui s’éveille permet d’entendre ses premières respirations. Cela permet d’observer un monde qui disparaît avec le lever du jour. Cela permet donc de voir deux villes en fait, voire trois, si l’on veille en compagnie des couche-tard.

Hanoi_06

 

Alors que je constate que les hôtels de la zone que j’avais identifiée comme à ma portée ont tous portes closes, je rencontre Wolfgang, allemand, la soixantaine passée, qui comme moi se trouve là, dans la rue à attendre avec son gros sac. Il a beaucoup à m’apprendre en matière de voyage et surtout en matière d’Asie du sud-est. Nous allons nous installer sur les berges du lac Hoan Kiem à quelques encablures de la vielle ville et discutons tout en voyant de plus en plus de jeunes courrir pieds nus autour du lac et de plus en plus d’anciens effectuer quelques assouplissements. Le jour se lève et la vie trépidante de Hanoi s’intensifie de minute en minute. Les premiers balais de motos et scooters entrent en scènes, d’abord timidement, presque en sourdine, puis avec intensité et virtuosité lorsque tous les figurants sont enfin dans la danse, et qu’il s’agit alors de se faufiler à pleine vitesse dans de petits espaces laissés ouverts. Tout ceci se déroule sans accroc, avec une fluidité déconcertante, comme si tous ces petits rats avaient répétés maintes fois chacun de leurs mouvements, selon la volonté d’un chorégraphe névrosé.

Hanoi_02

 

Comme avec Wolfgang on s’entend bien, on va passer deux jours à visiter tous les recoins du centre ville ainsi que les principaux sites un peu en périphérie, le tout en se payant quelques slaloms effrénés en moto dop.

 

Hanoi_01

 

Le mausolée Ho Chi Minh tout d’abord, où l’on vient se receuillir devant la dépouille de ce héros national dans une ambiance plus que particulière : on tourne autour de ce tombeau de verre placé dans un imposant édifice d’architecture soviétique, en conservant un regard fixe sur ce petit corps à la barbichette bien taillée, le tout dans un silence de plomb, et à allure métronomée par des gardes qui imposent en silence la cadence. Cela dure quelques secondes à peine, mais c’est bien ça que l’on est venu voir. Pour un vietnamien, véritable devoir à réaliser au moins une fois dans sa vie, cette visite doit avoir un sens. Des écoles viennent même tous les jours d’ouverture déposer des gerbes de fleurs à ce père de la nation. Mais pour un étranger cela peut paraître surréaliste, voire abstrait, car le temps que l’on passe à regarder ce corps semble si court que l’on n’a pas vraiment le temps de penser à l’importance historique du bonhomme, mais on y voit juste un corps, d’autant plus que l’on doit respecter tellement de consignes et rester dans le rang, que toute réflexion plus poussée semble impossible. De fait, ce temps vide où l’on parcours les quelques mètres autour de ce corps mis en scène, semble long car on ne comprends pas bien ce que l’on fait là. On est seulement attiré par le visage eclairé de cet homme éclaireur. Heureusement, si le mausolée m’a laissé aussi froid que « l’objet » de toutes les attention, le musée dedié à la vie de cet homme, a servi de bon complément à cet étrange défilé.

Hanoi_05

 

Nous enchaînons par de nombreuses pagodes parce que Wolfgang veut toutes les voir, le musée militaire car Wolfgang il aime bien ça, et le théâtre des marionnettes sur l’eau que Wolfgang a adoré. Ce qui est bien avec Wolfgang c’est qu’il est toujours émerveillé, et qu’il trouve du positif partout, sauf pour le temple de la littérature où on a tous les deux été assez déçus, car on attendait beaucoup mieux.

Hanoi_03

 

Le soir Wolfgang aime aussi boire ses bières, comme le matin il aime manger son pho. Alors nous allons dans les bia hoi du centre, nous asseoir sur de petites chaises en plastiques où nous buvons des pressions tirées à même le trottoir par de petites mémères rabougries en équilibre sur des fûts collants. Nous y passons la soirée, trouvant toujours d’autres comparses avec qui échanger des bons plans, car Wolfgang c’est un annuaire de bons plans, avec des noms d’hôtels, des numéros de bus et tous les prix qui vont avec, et des fois il t’enchaîne un peu Wolfgang, avec tous ces chiffres et son accent allemand, et alors, quand il s’enflamme, on dirait vraiment qu’il lit un annuaire. Alors pour vous, voici le bon plan de Wolfgang à Hanoi : allez au croisement de Pho Ta Hien et Pho Luong Ngoc, le verre d’environ 35/40 cl y est à 15 centimes d’euros, l’assiette qui nourri un Wolfgang, à 80 centimes. « La vie est belle », selon Wolfgang.

 

 

Hanoi_04

 

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