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hkg bkk - Balade à travers la Chine, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thailande
31 mars 2010

La baie d'Along, ou l'ode au voyage organisé

Alors comment qu’c’est la Baie d’Along ? Héhé, et bien c’est pas mal du tout. Je peux même dire que c’était très, mais alors vraiment très bien. Trois jours de vacances, enfin, trois jours et deux nuits à ne s’occuper de rien, à ne pas avoir à se poser de questions. L’organisation ? J’ai sous-traité, comme les autres, à l’une de ces plus ou moins fausses agences d’Hanoi, qui savent même pas trop ce qu’elles vendent et qui ont simplement pompé le nom d’une plus réputée. Pourquoi ? Le prix, l’adrénaline, l’aventure. A peine plus d’une trentaine d’euros, avec voyage aller-retour depuis Hanoi, pour trois jours et deux nuits dont une sur un bateau, avouez que ça a de quoi faire peur. Mais bon à l’arrivée on a quand même les « Allez, on monte sur le bateau », « A table », « Tous en maillots, on va faire du kayak », « Vous avez trois heures pour monter au sommet et redescendre, et faites attentions aux bestioles », « On se retrouve à 21 heures pour aller à la soirée », « Demain rendez-vous sept heures pour le petit-déjeuner », et finalement même si l’agence est une pâle copie de l’originale, il y a quand même le voyage à la clé.

Pour ce prix là donc, il ne faut pas être trop exigeant. Dès le départ à Hanoi, on comprend que oui, ça va être assez funky, avec une organisation pareille. Par moment, on se dit même que si ça se trouve, c’est la première fois qu’ils amènent des touristes, ou alors que ceux qui se prétendent guides et organisateurs sont une bande de sacrés touristes. En plein coeur de Hanoi, mon guide décide de restructurer les groupes, me fait descendre du bus et m’indique un autre bus là-bas, au bout de la rue. Il repart, est toujours en possession de mon ticket, lequel n’est pas nominatif (ce qui est important car il y a pas mal d’options différentes), et ce bus me prend effectivement au passage sans rien me demander. On m’installe sur un strapontin dans l’allée, sur lequel je serai couché, comme en lévitation pendant les quatre heures de route. C’est pas courant, pas forcément très confortable, encore qu’en fait je pense avoir été le plus à son aise dans ce bus. Mais tout le monde à l’air plutôt content, et déjà l’on sent ce parfum de colonie de vacances, version jeunes adultes un peu excités, et tout ça devient clair comme de l’eau de roche, que ça va bouger un peu sur le bateau.

A l’arrivée, un petit quart d’heure d’attente où on est un peu tous en train de se demander comment le guide sait à qui est tel ticket et comment prouver que l’on a payé pour telle et telle option. Mais bon apparament ils ont des techniques que l’on n’a pas reussi à identifier (peut-être une excellente mémoire visuelle tout simplement) car il se rapellent de tout sans se tromper. Cette première frayeur passée, le premier repas nous est servi à bord du bateau. On est attablé avec des personnes que l’on ne connaît pas encore, mais la glace est tout de suite brisée, car avec un repas pareil, il y a de quoi faire deux trois vannes : c’est quand même pas bien copieux tout ça, et c’est vrai qu’on s’est demandé ce que ça devait bien leur coûter de nous sortir deux trois poissons de plus. Mais bon en ayant payé si peu, il ne fallait pas s’attendre au Perou (encore qu’on s’attendait pas à y aller), et le tout est un peu rationné. Au petit-déjeuner du lendemain matin, alors qu’on crevait tous vraiment la dalle, et qu’on a redemandé une tranche de pain de mie en plus par personne, quand on nous a dit non, on a vraiment compris qu’on formait tous ensemble une sacrée bande de vieux crevards/backpackers et que quand on reviendra, dans vingt ans, on se fera péter un grand festin avec des chandelles et un groupe de mariachis vietnamiens, à titre de revanche.

BaieAlong_02

 

Mais au fond, à part ça, c’est quand même de la balle la Baie d’Along. On a beau être avec une belle bande d’excités sur un bateau, il y a beau y avoir une multitude de bateaux avec des bandes d’excités dessus, la Baie d’Along est tellement belle et tellement grande que d’une part, chacun reste un peu baba quand même, et on arrive rapidement à n’entendre plus que le bruit du moteur de son bateau, et à avoir l’impression d’être un peu seul au monde. Le confort n’est que secondaire, ce qui compte c’est ce que l’on voit, ce que l’on fait, et les gens avec qui l’on est.

BaieAlong_01

 

Et avec ces personnes, le courant passe bien. On échange beaucoup sur ce que l’on a déjà vu, forcément, on joue à des jeux de potache pour lesquels les sanctions se comptent en nombre de gorgées, et tout se fini autour d’un micro à chanter un bon vieux tube d’Oasis avec un guide un peu échauffé. En tant que français du groupe, je vais même devoir sortir mon accent belge pour chanter du Brel, dans une version très personnelle de Ne me quitte pas. On passe de bons moments, et on se dit qu’en fait le voyage organisé n’est pas que cette plaie que l’on décrit souvent avec degoût. J’ai rencontré durant ce séjour tellement de gens intéressants, spontanés et naturels, de profils différents, avec cependant pour point commun un budget serré, que la Baie d’Along n’a servi que d’écrin au vrai sens du voyage : celui de la rencontre. Ces gens sont des touristes, blancs comme des culs parce qu’ils viennent de là où il fait froid l’hiver, bronzés par leur vie de surfeur australien, ou voisins fuyant l’agitation tokyoïte, et ils sont comme moi, en train de parcourrir un bout d’Asie, avec des itinéraires plus ou moins similaires, voire même en partie communs. Ces gens là, vous font l’espace d’un instant découvrir quelque chose à leur manière, avec leurs regards et leurs mots. Quand on dit que l’on part en voyage à la rencontre des gens, au départ cela semble un peu cul-cul, en tout cas moi ça me paraissaît un peu cul-cul, mais cela devient très vite la réalité. On pense tout d’abord aux gens du cru, mais en fait je pense qu’il faut penser plus largement, aux gens tout simplement. Il ne faut pas fuir le touriste, il faut s’en enrichir. Sur le bateau les nationalités sont nombreuses et au fond c’est ça aussi le voyage. Le tour organisé, tout comme les hôtels le sont, est un catalyseur de rencontres et vous offre à moindre frais, l’opportunité d’échanger, de partager et de vivre avec d’autres gens.

Et puis, faut-il encore le répèter, la Baie d’Along est un spectacle splendide, que j’ai eu la chance de découvrir sous deux visages, gris les deux premiers jours, brumeux le troisième, mais à ce qu’il paraît le soleil, c’est pas tous les jours qu’il pointe le bout de son nez dans le coin. Et puis ça fait toujours un bien fou de quitter la terre ferme, de prendre quelque peu le large, surtout après l’agitation d’Hanoi. On réalise aussi au milieu de ce spectacle ci, que l’on est en train de réaliser un rêve, celui de son voyage, car au quotidien de ce dernier on pense à manger, prendre le bus et dormir, oubliant parfois pourquoi l’on est là, mais ici, dans ces lieux que vous connaissiez auparavant sans y avoir jamais été, dans ces lieux qui vous ont peut être donné envie de partir, vous vous rendez compte que vous l’avez fait, que vous y êtes allé.

 

BaieAlong_03

 

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Ne me quitte pas... non ne me quitte pas...
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