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hkg bkk - Balade à travers la Chine, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thailande
4 février 2012

Mon Bangkok

hkgbkk. J’avais expliqué dans mon premier article ce que signifiait ce titre. Un voyage par voie terrestre entre deux aéroports. Hong-Kong et Bangkok. J’avais expliqué que mis à part quelques points de passage plus ou moins définis, le reste serait décidé sur place. Que ça coulerait de source. Au final, vous avez compris que si j'ai respecté la déambulation plus ou moins à l'aveugle, j’ai quand même dû déroger à une partie de ma règle. Une fois. J’ai pris pas mal de bus, de trains, de bateaux, mais les évènements à Bangkok déjà décrits dans l’article consacré au long voyage entre Luang Prabang et Ko Tao m’ont obligé à prendre l’avion, et de rompre, tout à la fin, la tenue de ma promesse. Désolé. Désolé pour moi surtout. Même si je ne regrette rien, avec l'aide des hôtesses d'Air Asia.

Avant de partir je pensais donc arpenter les rues de Bangkok, et écrire un article sur tout ce que j’y aurais vu. Je pourrais faire un semblant, avec ce que j’avais vu dans Pékin Express (mais pas que). Mais non, Bangkok, mon Bangkok, n’a pas été une étape rêvée, ni une course folle. Par deux fois, je suis resté à zoner entre les Seven-Eleven et Starbucks Coffee, à attendre un avion qui allait m’envoyer loin de là. Je prenais les escalators, je m’asseyais sur un banc, je lisais toutes les cartes des restaurants, je soupirais à chaque fois de voir des prix aussi gros, je lisais un énorme bouquin photocopié que m’avais donné Daniel, Catfish and Mandala, qu’il faut absolument que vous lisiez d’autant plus si vous avez fait le Vietnam. Je passais mon temps comme je le pouvais. Je regardais l’aérogare, les avions, je passais des contrôles, je me réasseyais sur d'autres bancs. Le bruit des roulettes commençait à m’agacer profondément.

Mon Bangkok_06 

Voilà ce qu’a été mon Bangkok. Sans regret donc. Bangkok ne s’échappera pas, même si elle peut changer, et j’ai fait un voyage plein. C’est presque même mieux comme ça. Voilà une bonne raison d’aller traîner à nouveau par là-bas. J’y retournerai probablement j’espère un jour. Je prendrai le temps de découvrir Bangkok, d’y prendre autre chose qu’un avion. Mais mon voyage se finit bel et bien là, à BKK, dans cette ville qu’est Suvarnabhumi, qui vu comme ça, sans prêter attention aux détails, pourrait être n’importe où dans le monde. C’est ça le chic des aéroports. Ils ont de belles architectures, le(s) Starbucks que j’avais prédits dans mon premier article, et des fourmis et des moutons de toutes les couleurs et de tous les genres pour les peupler.

Mon Bangkok_01 

C’est dans cette aéroville que j’ai constaté comment un voyage se finit si banalement. J’aurais voulu courir une course, arriver le souffle court, le T-shirt trempé, lever les bras au ciel en criant Yes !, serrer quelqu’un dans mes bras, revoir toutes les belles et les terribles images accumulées au cours de ce long chemin, attraper mon avion au Final Call, gagner une amulette, pleurer au ralenti. Quelque chose d’héroïque et partagé. Mais tout s’est passé beaucoup plus calmement, seul, alors que ma mère et ma soeur arrivaient à Bruxelles où j’allais atterrir le lendemain. Tout était fini, il n’y avait plus rien à faire, plus rien à ajouter, la messe était dite.


Mon Bangkok_02 

J’ai fini par choisir le restaurant dans lequel j’allais manger mon dernier plat de voyage. Un restaurant chinois du deuxième étage. Celui des départs. J’y ai mangé un canard laqué. Je me souviens parfaitement de mon premier repas à Hong-Kong. C’était un canard laqué, avec Will, cet américain installé depuis trois ans en Chine, dans un petit restaurant de Mong Kok. La boucle était bouclée. J’emporte avec moi de nombreux souvenirs, et je ne sais pas bien encore si j’aurais dû faire autrement, si j’ai atteint ce que je voulais atteindre, si j’ai vécu ce que je voulais vivre. Mais tout est positif, même ces questions. Je n’ai pu commencer à y répondre que plusieurs mois plus tard.

Mon Bangkok_08 

Une de ces réponse est notamment survenue fin septembre 2011, soit quinze mois après mon retour, en repartant. Pas pour aussi longtemps c’est sûr, mais un peu de la même façon, avec mon sac sur le dos, et sans être vraiment certain de ce que j’allais faire. J’étais payé par contre. J’ai été marcher au Népal en ayant mal au genou. Une belle connerie. A mon arrivée à Katmandou pourtant, je n'étais pas certains de me lancer dans l'aventure. Mais les boutiques de trek, la pluie de la plaine et l'envie de faire quelque chose d'inconscient m'ont malgré tout emmenés dans des hauteurs qui, si belles, ont dissipé une douleur récurente depuis quelques mois et que je n'ai plus jamais ressentie depuis. La lassitude dont je vous avais parfois fait part lorsque j’étais là-bas, sur les rives du Mékong, s’était déjà complètement évaporée. La fin de ce blog, comme vous le savez, est écrite plus qu’à tiède, et je peux vous dire que l’envie de repartir encore et encore à la découverte ne s’arrêtera pas. Elle fera toujours partie de mes projets. Non seulement parce que voir toutes ces belles et terribles choses me semble une chance, mais à mes yeux elle apparaît presque comme une nécessité. Il y a des gens comme ça. Mais tout un chacun a besoin des choses qui lui sont nécessaires (principe basique). Pour trouver un équilibre, pour essayer de suivre un des chemins qu’il nous a été donné de suivre. Moi, je ne pourrais laisser passer ces moments-là. L’enchaînement des situations, des rencontres. Le sentiment du fugitif, du captif. Les questions qui en découlent, les moments de lâcher-prise, les moments où il faut se sortir les doigts du cul, ceux où on doit affronter ce qui se passe sur Terre, sans dire que l’on entre dans un combat, les moments où tout simplement vous vous demandez qui vous êtes, et le moment qui vient juste après, celui où vous devez reconnaître que vous n’êtes qu’un corps et un esprit comme tous les autres, que vous êtes né quelque part, que vous n’y pouvez rien, que vous êtes grand, que vous n’y pouvez rien, que vous êtes clair, que vous n’y pouvez rien, que vous êtes maigre, que vous n’y pouvez rien, que vous êtes seul, que vous y êtes pour quelque chose, que vous êtes là, que vous y êtes aussi pour quelque chose. Quelque chose que vous cherchiez. Ces moments de recherche, quels qu’ils soient, sont indispensables je crois ; pour les Hommes que nous sommes. C’est pourquoi je dis que je continuerai à les chercher, comme tout un chacun, et chacun dans son domaine.

Mon Bangkok_03 

Ce blog n’est donc définitivement pas utile au lecteur qui se promène sur la toile à la recherche de renseignements pratiques. Je suis désolé pour tous les déçus, ceux qui doivent relancer une recherche google pour savoir s’il y’a un bus entre Hong Kong et Bangkok (oui il y en a plein), parce que ce dernier les a dirigé par erreur sur cette page. Mais, le lecteur étant arrivé jusqu’ici, a bien dû s’en rendre compte, et pourquoi m’excuser puisque je ne l’ai pas forcé à se taper toutes ces lignes.

Mon Bangkok_07 

Pourtant ce blog, avec ses longues descriptions de situations, paysages et états d’âme, a pour seul but de donner envie aux gens qui le peuvent, d’aller voir ce qui se passe là-bas, même si ce n’est qu’un tiers du quart, en réalité, que l’on voit. Le but de ce blog est en définitive, celui de vous faire partager la conclusion que le voyage peut agir sur chacun d’entre nous, différemment c’est sûr, mais que pour une personne donnée, il agira, et cette personne agira alors à son tour, d’une façon ou d’une autre. Ce blog a aussi pour envie de vous rappeler que la plupart des gens que vous croiserez là-bas ne voyagera jamais. Et ce blog a définitivement l’envie de vous rappeler qu’il y a un trou béant entre le voyage et les vacances.

J’étais à Suvarnabhumi, entouré de voyageurs et de vacanciers. Et c’était mon Bangkok.     

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