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hkg bkk - Balade à travers la Chine, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thailande
5 mai 2010

Phnom Penh et le Kampuchéa démocratique

C’est jamais trop sans faire exprès, mais c’est souvent que j’arrive dans une ville et qu’il se passe quelque chose : Nouvel An chinois à Hong Kong (bon ça s’était quand même fait exprès), festival de bateaux à Hue, fête de la libération à Nha Trang, et maintenant Nouvel An khmer à Phnom Penh. Encore que pour le Nouvel An khmer à Phnom Penh il ne se passe pas grand chose car tout le monde retourne dans sa famille et c’est selon les habitants Opération ville morte pendant trois jours. On évite ainsi la cohue mais c’est un Phnom Penh un peu mou que l’on découvre.

Nous sommes une petite bande de quatre, et nous allons passer deux jours ensemble dans la capitale cambodgienne. Il y a Mike, l’éternel Trou-du-cul du bateau, qui a toujours un truc marrant à dire et qui semble en permanence content, Daniel, allemand lui aussi, plus posé, plus réfléchi, mais souvent rattrapé par une hypocondrie chronique, et Liina, suédoise un peu abrupte et déterminée lorsqu’elle commande au restaurant, et qui n’est même pas blonde. Le groupe s’est formé sur le bateau en jouant aux cartes et il y a deux gros et deux maigres ce qui permet d’équilibrer le tuk-tuk lors de nos déplacements.

PhnomPenh_10

Le premier soir après le diner, Liina est énervée car elle s’est pris la tête avec un serveur pour une histoire de banana shake, et Daniel a mal à la tête. Alors pour eux c’est l’abandon. Mike lui est content car il a repris un peu de force lors de ce frugal repas, et on se met alors les deux en quête de terrasses pas chères, parce que c’est le Nouvel An, et qu’on voudrait bien trinquer à coup d’Angkor Beer pour cette nouvelle année. Problème, à Phnom Penh après dix heures, trouver une terrasse pas chère n'est pas évident, après onze heures, c’est très compliqué, et après minuit c’est carrément mission impossible. Alors nous est venue l’idée géniale (géniale parce que cela nous a beaucoup plu) de créer notre propre terrasse grâce à la complicité d’un chauffeur de tuk-tuk équipé comme un bon Zénith de province pour la puissance du son, et comme un bon DJ de mariage cambodgien pour la programmation : du traditionnel et du boum-boum un peu mélangé. Lorsque nous voyons de petits vendeurs de rue ou supermarchés de nuit, nous nous arrêtons, nous y commandons un verre, puis nous repartons à la découverte de la ville. Notre chauffeur danse en conduisant, en se tortillant un peu dans tous les sens sur sa selle et en criant Sapai Sapai pour nous amuser. Après une bonne heure à arpenter des rues désertes de la ville, il était temps d’aller se reposer, car le programme du lendemain était chargé.         

Mike, bien organisé, nous avait en effet préparé un programme que nous avions accepté assez facilement, puisque comme les éléphants ont la radio, Mike avait le guide. Nous avons commencé par le Palais royal, et là, Liina s'est enragée car elle s’est vue refuser l’accès pour port de vêtements non réglementaires, et Daniel, s’est plaint de la chaleur. Mike était content car c’était beau, et il s’autorisait alors quelques pitreries dans le respect du planning.

PhnomPenh_01

Après, nous sommes partis pour quelques heures, assez loin, jusque dans ce que l’on appelait le Kampuchéa démocratique. Disons que c'est pas tellement marrant, puisque c’est quand même un moment ou on va tenter de comprendre et de se rendre compte de ce que quelques détraqués ont imposé à des millions de cambodgiens il y a à peine plus de trente ans. Je ne vais pas vous refaire l’histoire, car même si on ne sait pas forcément toujours bien quel était le but du régime Khmer Rouge si on a pas étudié la chose en détail (indice : faire du pays une grande coopérative agricole - remarque : on a donc vidé les villes à coup de mitraillettes), on sait tous que le peuple cambodgien a été victime d’un génocide des plus atroces (y’a-t-il de beaux génocides ?) car il était systématique, c'est-à-dire que l’on vous reprochait à peu près tout et n’importe quoi : que vous portiez des lunettes, que vous chantiez une chanson ou que vous vouliez communiquer avec votre frère, vous étiez considéré comme ennemi du régime dont il fallait se purifier.

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Alors quand on a visité le centre de détention (= torture) S21, et le centre d’exécution appelé aujourd’hui Killing Fields, à 15 km du centre de Phnom Penh, on a eu du mal à réaliser ce qu’il se passait là entre 1975 et 1979. Il y a des palmiers qui vacillent paisiblement sous un grand soleil, des touristes en tongs, shorts et débardeurs, on entend les oiseaux, et puis on vous dit que c’était alors une toute autre affaire, que l’on était arrivé au bout du jusqu’au-boutisme.

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A Killing Fields ce sont des panneaux qui vous disent les choses « ici on brulait les corps vifs », « contre cet arbre on détruisait (terme utilisé par les khmers rouges car plus significatif que tuer) les enfants », « ici on a retrouvé des corps sans tête », etc.

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Au centre de torture S21 en plein cœur de la ville, ce sont des photos de visages qui vous sont proposées : c’est à vous de lire au fond de regards. Bref, toute cette atmosphère pesante a rendue Liina remontée à jamais contre le genre humain, Daniel lui avait mal au cœur, et dans son for intérieur Mike était content que l’on soit arrivé à renverser ce régime de détraqués, mais il n’avait pas le droit de le montrer en ces lieux.

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Quand nous sommes revenus de ce voyage dont on aurait aimé se passer, mais que l’on se devait de faire pour se rendre compte et ne pas oublier, nous sommes allés là où il y avait rassemblement pour le Nouvel An, au temple Wat Phnom. Niveau ambiance, ça tranchait un peu avec les dernières heures. Quelques jeunes jouaient à une sorte de ronde, Liina était furax car c’était la seule personne qui s’était prise du talc dans la gueule, et Daniel ressentait « une forte fièvre ». Mike était content car les gamins faisaient les imbéciles et que ça l’amusait beaucoup, et puis cela lui rappelait son enfance heureuse en Bavière.

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Et puis, rapidement est venue l’obligation d’aller se restaurer car la bonne humeur de Mike commençait à décliner dangereusement. Après cela, Liina sentait une frustration certaine provoquée par la lenteur du service, et a abandonné pour la seconde fois d’affilée. Daniel, lui, semblait aller mieux car il avait avalé deux gélules qu’il s’était fait recommander par un site germanique spécialisé dans les fièvres tropicales aiguës, gélules qu'il possédait comme par évidence dans sa valise de premiers secours. Mike, quant à lui, avait retrouvé son sourire car nous avions mangé. Comme il était plus tôt que la veille nous avons pu aller dans des places que nous avions repérées et qui paraissait bien locales et pas chères.

PhnomPenh_03

Le lendemain, nous avons pris tous les quatre la direction du sud, après une journée seulement passée à Phnom Penh. C’est que nous savions de toute façon que nous y repasserions, après le sud. Lors de ce second séjour, je n’étais alors plus qu’avec Daniel et tous les corps étrangers qui le peuplent à des fins non pacifiques. Nous avons alors essentiellement marché dans les rues, sans but précis, histoire de prendre le pouls, la température et la tension de la ville, grâce à la valise de premiers secours de Daniel. Il faut dire que nous avions déjà visité les principaux sites, lors de la journée marathon que je vous ai décrit dans ces quelques lignes.

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